Fermin Muguruza (12/2002) http://www.lartscene.com/reflet.php?id_theme=26

Alors que In-komunikazioa débarque dans nos bacs, Fermin Muguruza revient dans la chaleur du Taste Vin sur son album ainsi que sur des sujets plus politisés.

Le dernier album In Komunikazioa vient de sortir. Le son évolue. Est-ce par volonté, ou cela se fait-il naturellement lors de la composition ?

C'est une évolution naturelle, mais c'est aussi le fruit d'expérimentations. C'est aussi le fruit de la recherche, d'une combinaison de différents sons.

Comment définirais-tu le style musical de F.Muguruza ?

C'est très difficile ! (Silence) Il faut penser un peuŠ Je répondrai plus tard.

Tu voyages beaucoup lors de tes enregistrements. Pourquoi ?

Ca traduit ma volonté d'apprendre de nouvelles cultures, d'autres pays, de nouveaux sons, de nouvelles manières de travailler pour enrichir mon style musical.

J'ai lu que contrairement aux autres albums ou tu étais sur plusieurs fronts, là, tu es resté concentré sur la création de ce nouvel opus. Pourquoi ce changement ?

Ce qui m'intéresse c'est d'exposer tous les sons que j'ai pu entendre, que j'ai pu accumuler, la bande sonore de chaque ville, les bruits latentsŠ ou alors des osns que j'ai enregistré, et que l'on peut dissimuler pendant l'enregistrement avec des scratchs. C'est comme un sac que je porte et que j'ai chargé de moments avec des gens, de bruits pris furtivement, de notes prises à un moment donnée.

J'ai changé ma méthode parce que voulais vraiment être concentré sur mon album, et je ne voulais pas être exposé aux média, ne pas avoir d'influences extérieures.

Tu as toujours une liste d'invités plus prestigieux les uns que les autres. Pourquoi ?

Quand ça fait vingt ans que tu fais de la musique, tu connais beaucoup de gens qui t'accompagnent dans ton voyage, et au final, ce que tu recherches avant tout, c'est la liberté artistique et créative. C'est aussi de partager cette création artistique avec d'autres musiciens d'horizons différents. C'est ça que je recherche.

Le produit est très soigné avec notamment la traduction en 3 langues de tes textes. Les mots sont-ils plus importants que la musique ?

C'est un tout. Je donne autant d'importance à toutes les disciplines artistiques. C'est pour ça qu'à travers cette pochette, on a fait des références à tous les milieux artistiques, au niveau des lettres pour la littérature, avec les gens qui posent pour la photo. La photo aussi est importante dans la pochette. Cela montre aussi un aspect artistique. L'image aussi. D'où le clip. Il faut vraiment profiter de tout, et inclure tous les styles artistiques quels qu'ils soient. Et ce que je veux, même si la musique est un exemple très complexe, je veux proposer autre chose, et c'est pour ça que je mélange tous ces arts. Un peu comme le punk qui proposait beaucoup de choses.

Tu es un artiste engagé. Tu a aussi fais parti de la vague alternative des années 80 avec Kortatu et Negu Gorriak. Est-ce mouvement qui t'as donné le goût de l'engagement ou toi et les autres groupes (comme les bérus) qui avaient insufflés un vent contestataire dans ce mouvement ?

Tout est en relation. Il n'y a pas le mouvement politique d'un coté, la musique de l'autre. Chacun s'alimente de l'autre, c'est un tout. Dans les années 80, tous ces mouvements politiques ne pouvaient pas être entièrement compris sans la musique et vice versa.

Tu es un défenseur de la cause basque. Que dirais-tu à un candide, qui ressent le régionalisme comme un repli sur soi, pour le convaincre du bien fondé de l'activisme basque ?

Cher candide, si vous êtes contre la globalisation, vous avez l'obligation de défendre toutes les cultures du monde. C'est un argument majeur.

Que ressens-tu face à la montée de l'extrémisme en Europe ?

C'est une volonté des gouvernements de médiatiser ces partis d'extrême droite. C'est pour leur propre bénéfice. Et c'est pour se présenter comme s'ils étaient démocrates et en profiter pour établir des lois d'extrême droite. A trvers les média, ils sont en train de diffuser des messages faux contre l'immigration, et de cette façon alimenter leur propre discours qui est proprement conservateur et complètement égoïste. C'est discriminatoire et xénophobe.

Penses-tu qu'un artiste à un rôle à jouer dans la société ?

Tous les artiste, de part leur métier ont un rôle. J'ai fais un compromis avec la gauche révolutionnaire. D'autres artistes comme Ricky Martin se compromettent avec Georges Bush. Il y a d'autres artistes qui se disent non engagés, cela veut dire qu'ils sont pour le conformisme, c'est à dire pour la droite. On ne peut pas être neutre. Tout le monde est engagé.

Que penses-tu des groupes qui étant dans des majors s'affichent contre la mondialisation. N'est-ce pas contradictoire ?

Oui ! Si on parle d'injustice sociale qui provoque la mondialisation à travers les multinationales, on ne peut pas travailler pour elles. On doit en sortir, trouver un autre moyen d'expression. Le capitalisme tue la musique. A partir de maintenant, il faut renforcer les réseaux et les circuits indépendants.

Des projets ?

Je vais essayer à partir de mai 2003 de faire une tournée mondiale.

Propos recueillis par VM, traductrice: Emilie Fresneau